La Guerre de Neuf Ans (1594 – 1603), aussi appelée Rébellion du Tyrone, fût une terrible période opposant des clans gaéliques irlandais aux armées britanniques régnant sur le Royaume d’Irlande. Après 9 années de batailles et d’affrontements guerriers, la guerre se soldera par l’échec des chefs de clans irlandais.
La fin du XVIe siècle en Irlande a été marquée par une tension croissante entre la Couronne anglaise et les seigneurs gaéliques traditionnels. Alors que l’Angleterre, sous le règne d’Élisabeth Ière, cherche à consolider son contrôle sur l’île, les chefs gaéliques luttent pour préserver leur autonomie et leur mode de vie traditionnel.
Ces tensions sont exacerbées par des différences religieuses, l’Angleterre étant protestante et l’Irlande majoritairement catholique.
Avec sa soif de conquête, l’Angleterre tente d’étendre son pouvoir sur la totalité du Royaume d’Irlande. Pour cela, Élisabeth Ier ne cesse de mettre en place différentes stratégies permettant de corrompre les grands chefs de clans irlandais, pour prendre progressivement le pouvoir sur l’ensemble de l’île.
Dans cette stratégie, le gouvernement anglais fait de nombreuses avances au chef irlandais Hugh O’Neill, 2e comte de Tyrone, qui régne à l’époque sur l’Ulster, et notamment sur la région de Pale, un territoire couvrant plus de 30km aux alentours de Dublin.
Hugh O’Neill a toujours été considéré par les anglais comme un chef de clan plutôt conciliant, ayant sans cesse aidé les intérêts britanniques.
Mais il refuse pourtant les avances du gouvernement anglais, reprochant à Élisabeth Ier de ne jamais avoir été remercié pour ses actions en faveur de la couronne, se plaignant de ne jamais avoir été nommé Lord President d’Ulster en récompense de sa loyauté.
La reine d’Angleterre refusait en effet de lui attribuer un tel titre, craignant que ce statut ne profite trop à O’Neill pour que celui-ci envisage de renverser son trône.
Face à ce refus, O’Neill décide donc de radicaliser sa position, et s’allie à 7 autres chefs de clans opposés à la présence britannique ainsi qu’à la montée du protestantisme dans l’île.
Afin de se préparer à un conflit imminent, Hugh O’Neill décide de réquisitionner l’ensemble de ses paysans pour en faire une armée, et demande à son allié, Hugh Roe O’Donnell, de lui concéder des mercenaires écossais appelés « Redshanks ».
Il parvient également à obtenir des mercenaires irlandais alors placés sous le commandement de chefs tels que Richard Tyrell. Afin d’obtenir l’armement nécessaire pour ses troupes, O’Neill s’empresse de contacter Philippe II d’Espagne, et lui demande de l’aide au nom de leur amitié, et de leur lutte commune contre le protestantisme. Face à une telle demande, le monarque espagnol accepte, et fait envoyer en grand nombre des mousquets, cartouches et pièces d’artillerie, ainsi que suffisamment de nourriture pour pouvoir entretenir les 8 000 hommes d’O’Neill.
Le conflit éclate en 1595, lorsque Hugh O’Neill commande l’offensive du Fort de Portmore. Paniqués par la révolte, le gouvernement anglais décide alors de mettre en place des négociations en 1596, négociations qui échouent lamentablement.
Devant cette impasse, Élisabeth Ier lance alors toute une armée vers l’Ulster. La rencontre entre les troupes anglaises et irlandaises est d’une rare violence, et les anglais sont forts surpris de se retrouver face à une armée fort entrainée.
Très vite, les irlandais remportent la bataille de Clontibret, et connaissent également un franc succès à la bataille de Yellow Ford en 1598 lors d’une embuscade causant la perte de plus de 2 000 soldats britanniques. Cette victoire galvanise alors le pays tout entier, et la révolte se généralise partout en Ulster et dans le reste de l’Irlande. Les plantations du Munster sont dès lors totalement détruites, et les britanniques sont violemment chassés de leurs terres.
Devant la montée du conflit, Élisabeth Ier fait dépêcher 17 000 hommes en Irlande, placés sous le commandement du Comte d’Essex, Robert Devereux. Celui-ci se montre alors tout à fait incapable de tenir tête aux rebelles et perd de nombreux hommes à la bataille du Col de Curlew, sans parler des nombreuses pertes causées par la dysenterie.
De colère, Élisabeth Ier fait décapiter le comte d’Essex, et le remplace par Lord Mountjoy, fin stratège, qui confie immédiatement la direction des opérations dans le Munster à George Carew et Arthur Chichester.
George Carew se montre d’ailleurs tout à fait compétent dans ce projet, et parvient à réprimer la Rébellion dans le Munster vers 1601, après de nombreuses victoires, ainsi que quelque négociations. Il fait emprisonner les principaux leaders du mouvement rebelle, et expulse du Munster les sympathisants à la cause d’O’Neill.
En 1601, Lord Mountjoy décide de commanditer un large débarquement de ses troupes à Derry, et demande à Arthur Chichester de semer le trouble dans la région, assassinant des centaines de civils, brûlant les fermes des paysans et affamant les campagnes.
Cette manœuvre a en vérité pour objectif d’amenuiser les ressources des rebelles, et de forcer les chefs irlandais à protéger seulement leurs territoires, ralentissant ainsi le rythme des rébellions.
Face à tant de sauvagerie, O’Neill décide de marcher vers Kinsale, et d’affronter l’armée de Lord Mountjoy en créant un effet de surprise. La bataille de Kinsale (janvier 1601) est cependant un échec cuisant, qui place les rebelles dans une situation des plus désespérée. Beaucoup décèdent lors de cette bataille, et les survivants s’empressent de fuir plus au nord.
Cet échec permet à Lord Mountjoy de reprendre peu à peu le contrôle du pays, s’emparant progressivement des grandes places autrefois envahies par les rebelles. En Ulster, la famine fait alors rage, et de nombreux irlandais sont réduits au cannibalisme pour survivre.
On dénombre par milliers les morts de la famine. Très rapidement, la misère ambiante force les vassaux d’O’Neill à capituler devant Mountjoy.
Hugh O’Neill quand à lui, capitule officiellement le 30 mars 1603, une semaine après le décès de la reine Élisabeth Ier.
Devant la victoire totale de l’Angleterre sur le Royaume d’Irlande, Lord Mountjoy annonce en 1604 une amnistie envers les rebelles, sur l’ordre de Jacques Ier, le successeur d’Élisabeth Ier.
Cette si grande clémence s’explique avant tout par le fait que la guerre en Irlande avait été bien trop coûteuse pour l’Angleterre, et aurait considérablement affaibli le pays. Hugh O’Neill et ses vassaux sont alors libérés, et tentent de fomenter une nouvelle rébellion avec l’aide des espagnols.
Cette tentative est cependant un échec, l’Espagne ayant été visiblement affaiblie par la guerre les opposant à l’Angleterre.