Grace O’Malley (1530-1603) (Gráinne Ni Mháille en irlandais, et surnommée Granuaile), fut une pirate irlandaise qui fait aujourd’hui figure de véritable légende dans la culture irlandaise. Femme de caractère et de grand courage, celle-ci s’adonna à la piraterie tout au long de sa vie, et s’illustra au travers de nombreuses batailles, sur terre, comme en mer…
Grace O’Malley naît en Irlande vers 1530 dans un climat particulièrement tendu par les relations conflictuelles entre l’Irlande et l’Angleterre, à l’époque gouvernée par Henri VIII. Le père de Grace, Eoghan Dubhdara Ó Maille, est le chef de clan d’une grande famille du Connaught : les O’Malley. Ces derniers sont avant tout une famille de marins, qui étendent leur puissance sur l’ensemble des pêcheurs de la région en proposant de nombreuses expéditions commerciales vers la France et l’Espagne.
Enfant, Grace O’Malley est une petite fille intrépide et courageuse. Elle se découvre une véritable passion pour les bateaux et les expéditions en mer. Elle rêve d’ores et déjà d’explorations et d’aventures.
Son père, au départ réticent, lui apprend tout ce qu’un marin doit savoir… Il lui enseigne les rudiments de la navigation, comment se repérer et suivre un cap, le principe de hiérarchie à bord…
Grace O’Malley est conquise. Cet enseignement renforce son envie de prendre le large.
A tel point, que la légende raconte qu’adolescente, la jeune femme demande à suivre son père lors d’une expédition commerciale vers l’Espagne.
Mais Eoghan Dubhdara Ó Maille considère qu’une femme n’a pas sa place sur un navire. Fidèle aux principes de l’époque, il refuse, prétextant que ses cheveux longs pourraient se prendre dans les cordages de la voilure du bateau.
En colère, Grace O’Malley décide alors de couper ses cheveux, et devient chauve. C’est cette attitude qui lui aurait d’ailleurs valu le surnom gaélique de Granuaile, qui signifie « chauve » ou « sans cheveux ». Depuis, le nom lui est resté, et encore aujourd’hui, les irlandais l’évoquent sous cette appellation.
Toutefois, son père reste ferme : il refuse que sa fille monte à bord de ses navires, et l’invite à poursuivre son éducation. A cette époque, Grace O’Malley vit sous la tutelle d’une nourrice, et reçoit un enseignement des plus stricts, apprenant le latin; l’anglais, l’espagnol ou encore le gaélique écossais.
Grace O’Malley se marie en 1546 à Donal O’Flaherty, dont elle a 3 enfants : Owen, Margaret et Murrough.
Malheureusement, Grace O’Malley perd son mari au cours d’une bataille, et décide alors de prendre en charge la défense du patrimoine de sa famille (les O’Flaherty et les O’Malleys possédaient de nombreux châteaux et terres). Elle recrute les partisans fidèles à la cause de son défunt mari, les fait se déplacer dans son quartier général, et organise de nombreuses batailles pour obtenir le contrôle de la Clew Bay, une célèbre baie irlandaise, célèbre pour ses centaines d’îlots.
Parmi ses principaux ennemis, elle affronte alors le clan des Joyce, à qui son mari avait prit le Cock’s Castle, une superbe forteresse bâtie sur les rives du Lough Corrib.
Mais lorsque le clan des Joyce apprennent la mort de Donal O’Flaherty, ces derniers ambitionnent de récupérer le château.
C’était sans compter sur la témérité de Grace O’Malley, qui les en empêche, défendant avec courage son château, allant jusqu’à faire fondre le plomb de la toiture du château, pour le déverser brûlant sur les assaillants.
Sa bravoure est telle, que les Joyce finissent par se soumettre, et que la recommée de la jeune femme fait le tour de l’Irlande.
Finalement, Grace O’Malley finit par obtenir le contrôle total de la Clew Bay, et instaure un impôt aux habitants de la région, ainsi qu’aux navires voguant sur les eaux environnantes.
Son ambition, son talent pour le combat, couplée a ses actions considérées comme du racket, sont alors assimilés à des actes de piraterie. Au fils des ans, ses navires et ses troupes se développent, accueillant des mercenaires sanguinaires et autres sympathisants à sa cause, imposant sa loi sur terre comme en mer. C’est désormais officiel : Grace O’Malley est une pirate !
En 1566, Grace O’Malley se marie avec Richard Burke. Le mariage est soumis à la loi Brehon (une loi autorisant le divorce en cas d’incompatibilité observées durant la première année de vie commune).
De nombreuses théories attestent que ce mariage est en vérité un moyen pour la pirate de renforcer son pouvoir, et d’acquérir des terres supplémentaires, comme le Rockfleet Castle, château de son nouvel époux.
Au cours de leur première année de vie conjugale, le couple met au monde un fils, Tibbot Burke en 1567. Mais étrangement, quelques mois plus tard, Grace O’Malley demande le divorce, s’emparant du Rockfleet Castle, à la grande colère de Richard Burke.
Pourtant, sur le papier et pour l’administration britannique, le couple restera être marié jusqu’à leur mort…
Toujours entourée d’une solide armée, Grace O’Malley tente de s’attirer les faveurs des anglais en faisant don de 200 hommes, pour les aider dans leur lutte contre l’Écosse et l’Irlande.
De son côté, elle attaque de nombreux navires pour acquérir leurs richesses, assiège des forteresses, et récupère l’héritage de ses parents, qui se comptent en terres, chevaux, et autres forteresses.
Les activités de Grace O’Malley lui attirent très rapidement de nombreux ennemis, et celle-ci voit alors ses 2 fils et son frère enlevés par un notable anglais.
Folle de rage, la pirate finit par se résoudre à naviguer jusqu’en Angleterre pour rencontrer la reine Élisabeth Ier (1533-1603), pour ordonner leur libération. Cette rencontre est considérée encore aujourd’hui comme un événement majeur, rassemblant 2 femmes au caractère bien trempé, et au pouvoir sans limite.
Après une conversation en latin, Grace O’Malley finit par obtenir la libération de ses proches, et rentre en Irlande pour poursuivre ses activités de piraterie.
Désormais, celle-ci décide de prendre pour cible les anglais et autres sympathisants à la Couronne d’Angleterre. Après des années de pirateries, de guerres de pouvoir et d’expéditions guerrières, elle meurt à Rockfleet en 1603… devenant la plus grande pirate d’Irlande que l’Histoire n’ait jamais porté.
Ses actions militantes et son courage ont fait d’elle un véritable symbole de la résilience et de la résistance en Irlande. Encore de nos jours, son nom est salué, et inspire un savant mélange d’admiration et de respect.