Edward Bruce, souvent éclipsé par son frère Robert Bruce, roi d’Écosse, est une figure historique emblématique mais souvent méconnue. Son règne sur l’Irlande fut bref, de 1315 à 1318, mais il a laissé une empreinte indélébile sur l’histoire irlandaise.
Edward Bruce nait vers 1280 en Écosse, dans une famille de la noblesse. Il est le plus jeune fils de Robert de Brus, 6e seigneur d’Annandale, et de Marjorie, comtesse de Carrick. La famille Bruce possède alors des liens étroits avec la royauté, ce qui a sans doute nourri les ambitions des frères Bruce dès leur plus jeune âge.
Les Bruce sont alors des partisans ardents de l’indépendance écossaise, ce qui les met en conflit avec la couronne anglaise. Edward Bruce joue alors un rôle important dans la première guerre d’indépendance écossaise, aux côtés de son frère Robert Bruce.
Il s’illustre notamment lors de la bataille de Bannockburn en 1314, une victoire cruciale pour les Écossais.
Edward Bruce multiplie les batailles en Irlande – © sam
Forts de leur succès en Écosse, les frères Bruce tournent leur attention vers l’Irlande.
A cette période, l’île d’Émeraude est divisée en différents royaumes et seigneuries, souvent en conflit les uns avec les autres. Le Royaume d’Angleterre exerce également une influence grandissante sur le territoire irlandais, tentant par tous les moyens de conquérir chaque région.
Edward Bruce voit alors dans cette instabilité une opportunité d’unifier l’Irlande sous une seule couronne.
Galvanisé par ses conquêtes en Écosse avec son frère, Edward Bruce voit en l’Irlande le moyen supplémentaire de mener une lutte acharnée contre les anglais. Il espère ainsi reproduire leurs victoires écossaises sur le territoire irlandais, et se faire proclamer roi d’Irlande. (Rien que ça !).
Il débarque alors en Irlande en 1315 à la tête d’une armée d’écossais et d’irlandais. Il trouve également le soutien de nombreux seigneurs et de clans irlandais.
Fort de ses troupes, il va mener une campagne de plus de 3 ans (appelée Bruce Invasion ou Invasions de Bruce en français), destinée à délivrer l’Irlande du joug anglais.
remporte rapidement plusieurs batailles, créant la surprise du côté anglais :
L’une de ses premières victoires en Irlande est la bataille de Connor en 1315. Cette bataille est souvent citée comme l’une de ses plus grandes réussites militaires. Elle lui permet de consolider son emprise sur le nord de l’Irlande et d’inciter davantage de seigneurs irlandais à se joindre à sa cause.
Peu après la victoire à Connor, Bruce remporte une autre bataille significative à Kells dans le comté de Meath. Cette victoire renforce alors sa position et lui permet de pousser plus au sud en direction de Dublin.
Bruce a également connu d’autres succès sur le champ de bataille, bien que moins spectaculaires que les premiers. Il a réussi à prendre plusieurs forts et châteaux en Irlande, contribuant à étendre son influence, même si cela était souvent temporaire.
Il convient toutefois de noter que les victoires d’Edward Bruce étaient souvent de courte durée. Il a été incapable de capturer Dublin, la capitale, et sa campagne en Irlande a été affaiblie par la famine qui sévissait à cette époque, ainsi que par un soutien mitigé de la part des seigneurs irlandais locaux.
Avec le soutien de plusieurs seigneurs irlandais, et fort de ses succès au combat, Edward Bruce se proclame roi d’Irlande en 1316.
Toutefois,il règne sur le Royaume d’Irlande pendant une période très instable, marquée par des famines et des conflits internes. Bien que certaines de ses victoires initiales soient spectaculaires, il ne parvient pas à consolider son pouvoir ou à gagner le cœur du peuple irlandais dans son ensemble.
De plus, il ne parvient pas à obtenir le soutien unanime des seigneurs irlandais. Pour beaucoup, cet écossais n’a pas la légitimité pour régner sur l’Irlande. Ce manque de cohésion va contribuer à son déclin précipité.
Tombe d’Edward Bruce – Davidmc5585 – cc
Bien qu’il tente de pacifier le pays, il est amené à participer à d’autres batailles pour unir le Royaume.
Et toutes ses réussites sont malheureusement effacées d’un revers de main lorsqu’il est tué à la bataille de Faughart le 14 octobre 1318, près de Dundalk. Sa mort marque alors la fin de sa campagne en Irlande et de ses ambitions de devenir le souverain d’une Irlande unifiée.
Il fut officiellement le dernier haut roi d’Irlande de l’Histoire du pays.
A titre d’exemple, son cadavre est alors démembré par les anglais. Certains de ses membres sont exhibés au-dessus des portes de certaines villes irlandaises afin de décourager toute nouvelle tentative de révolte du côté irlandais.
Sa tête, quand à elle, est présentée au roi Édouard II d’Angleterre par le vainqueur, John de Bermingham, un baron anglo-irlandais qui a mené la bataille de Faughart… et ainsi mis fin aux conquêtes de Bruce.
Cette victoire anglaise signe alors la fin du roi irlandais Edward Bruce… mais également les perspectives d’émancipation de l’Irlande de l’époque.
Aussi, Edward Bruce a régné sur l’Irlande au cours d’une période particulièrement courte : à peine deux ans, ce qui en fait l’un des règnes les plus éphémères de l’Histoire irlandaise !
Les batailles qu’il a remportées ont contribué à façonner sa légende. Dans l’Histoire, il est dépeint comme un chef militaire compétent avec une vision ambitieuse pour l’Irlande. Bien que controversé, son héritage en tant que guerrier et aspirant roi d’Irlande continue d’alimenter les débats et les études historiques.