« Black ’47 » est le nom donné à l’une des pires périodes de la Grande Famine Irlandaise. Elle désigne plus précisément l’année 1847, époque où la famine a le plus éprouvé le peuple irlandais. En un an, les morts se comptaient par milliers, provoquant une hécatombe sans précédent. Le tout fut également précipité par un hiver d’une grande rudesse : les irlandais, affamés, succombaient alors de faim, de froid, ou de maladie… Retour sur l’une des pires périodes irlandaise.
Une scène de la Grande Famine irlandaise – Domaine public
Pour mieux comprendre les faits, il est important de remonter quelques années en arrière. En 1845, l’Irlande voit ses champs de pomme de terre infestés par le mildiou. Il s’agit d’un parasite, qui flétrit les tubercules, et empêche leur consommation.
A cette époque, la majorité des irlandais vivent dans une pauvreté ambiante, et survivent essentiellement grâce à cet aliment de base…
Le reste des denrées quand à elles (viande, lait, poisson, œufs…etc.), a tendance à être exploité puis exporté par les anglais vers le Royaume-Uni.
Une terrible famine va donc commencer. Dès les premières années, les irlandais ont peine à survivre. Ils sont en proie à la faim, mais connaissent également la maladie.
La Grande Famine irlandaise – Domaine Public
Après 2 années rigoureuses, l’Angleterre déclare que le mildiou a été vaincu en Irlande. Elle suspend donc ses soupes populaires, et toute forme d’aide vers l’Irlande.
C’est une terrible erreur, car l’année 1847, va connaître l’un des pires hiver que l’île ait jamais connu. Surnommé Black’47, cet hiver achève les dernières résistances des irlandais.
L’île est en effet balayée par des tempêtes, des chutes de neige, et des vents froid glaciaux.
Déjà fortement affaiblis, les 4 millions d’irlandais les plus exposés n’ont pas les forces nécessaires pour faire face aux rigueurs de l’hiver.
D’autant qu’une importante opération, menée par des propriétaires terriens anglais, va précipiter l’expulsion de milliers d’irlandais de leurs maisons. Et les procédés des anglais sont plus que discutables : pour s’assurer qu’ils ne reviennent pas en ces lieux, les anglais détruisent les toitures des habitations !
Ainsi, on compte par millier les irlandais expropriés, qui tentent de survivre en plein air, ou qui vivent dans leur maison sans toiture, au beau milieu de la neige, de la boue, de la pluie et du vent… Des conditions insalubres, qui ont précipité la mort d’enfants, de femmes et d’hommes par milliers.
Typhus, dysenterie et autres maladies de l’époque en ont profité pour se développer comme une trainée de poudre… Et les travaux publics, mis en place pour fournir du travail et des moyens de subsistance, n’ont pas suffi à répondre aux besoins, et les conditions dans les maisons de travail (workhouses) étaient désastreuses.
Ainsi, l’expression « Black ’47 » n’est pas uniquement un terme désignant la rigueur climatique de cet hiver, mais une référence directe au point culminant des horreurs de la Grande Famine durant cette année particulièrement dévastatrice.
Le Black 47, reste encore aujourd’hui dans les mémoires comme une véritable atrocité. Nombreux sont les irlandais a y avoir laissé la vie… tandis que l’Angleterre vivait dans l’opulence, et répondait à la crise de façon timide et inadaptée.
Cet hiver a laissé un goût amer dans les consciences irlandaises. Beaucoup d’irlandais rendent encore chaque année hommage à leurs aïeux, tombés lors de cette période.
A noter qu’un film, intitulé Black’47 ou Renegade, retrace cette période, sur fond de film d’action. Sorti en 2018, il est l’occasion de raconter ce terrible hiver 1847, période où un irlandais retourne sur son île natale, dans le Connemara, afin de trouver sa femme et ses enfants, et de les emmener en Amérique.
Une fois sur place, le constat est terrible : il assiste à la mort de sa famille, à la suite d’une expropriation qui tourne mal. Brisé, il décide alors de se venger, et d’assassiner tous les anglais qu’il rencontre sur son passage…
Un film revanchard, sur toile de fond historique, qui résonne comme un exutoire pour les irlandais…