C’est la série événement des 2 dernières semaines. « Bodkin« , tout fraîchement sortie sur Netflix, et produite par la maison de production de Barack et Michelle Obama est pourtant au cœur de profondes divisions de la part des spectateurs. Pour certains, la série est une ode à l’Irlande, dans ce qu’elle a de plus authentique… tandis que pour d’autres, c’est un ramassis de clichés et de caricature, qui feraient tout simplement du tort au pays… Mais qu’en est-il vraiment ?
Nous vous en avions parlé à sa sortie : Bodkin, est une série qui s’étire sur 7 épisodes, et qui se présente sous la forme d’un thriller policier, aussi grinçant qu’humoristique. Il se déroule en Irlande, dans un village fictif du nom de Bodkin, présumément situé dans le comté de Cork.
Une équipe de 3 podcasteurs, viennent enquêter sur de mystérieuses disparations, qui seraient survenues, il y a 20 ans de cela, au cours de la fête de Samain.
Et dès le début, l’Irlande y est présentée sous de multiples facettes… D’abord touristique, avec le sublime plan sur le site de Sally Gap (qui se trouve pourtant dans le comté de Wicklow, et non dans le comté de Cork)… On a ainsi droit à un paysage digne d’une vraie carte postale, où l’on voit l’un des podcasteur, de nationalité américaine, s’émerveiller presque à l’excès de la beauté des lieux.
Puis l’on passe dans un irish pub… soit disant typique… Où l’héroïne, incarnée par Siobhán Cullen, critique vivement « ce pub à touriste », et demande à tester un vrai pub irlandais, loin des clichés pour américains.
Dès lors, l’ambiance change de ton. Le pub est à la fois plus sombre et moins accueillant… Oubliez la déco trady, les panneaux de bois patiné par le temps et les groupes venus jouer en live de la musique traditionnelle… Ici, on donne dans un esprit plus moderne, plus simple, sans fioriture. Mais il reste festif, et la bière coule à flot !
Dans bien des séquences, l’héroïne ne manque pas de critiquer l’Irlande, et de le présenter « comme un trou pourri, où rien ne se passe. ». Elle semble allergique au côté rural des personnages du village… tandis que le podcasteur américain, s’émerveille de tout, dans des proportions parfois ridicules.
Pour le journaliste Ed Power de l’Irish Times, c’est un désastre, qui ne rend pas service à l’Irlande :
Bodkin vient simplement s’ajouter à la liste des plus mauvaises productions du genre – où l’alcool coule à flots dans une campagne bucolique, où l’on croise des bonnes sœurs à la mine renfrognée et où tout le monde parle comme dans un scénario non abouti de Martin McDonagh.
Pire encore, pour le journaliste, le seul nom du village fictif « Bodkin », est presque insultant pour les irlandais. Car il stéréotype les noms de villages souvent qualifiés d’étranges par les étrangers. Or, ces noms possèdent une véritable signification, avec des origines précises, et des traditions associées… La simple phonétique « Bodkin » résonne donc comme une pure moquerie aux yeux du journaliste.
Une vision qui n’est pas partagée par tout le monde. Pour d’autres la série est un divertissement sympathique, qui au contraire, déconstruit les clichés. Pour beaucoup, le show est une critique vibrante de l’Irlande elle qu’elle est habituellement vue par les américains…
A l’image d’un Emily in Paris pour la France, où les américains dépeignent un Paris en total décalage avec la réalité, Bodkin, est pour certains, le moyen de s’attaquer au mythe de l’Irlande à l’américaine.
Oubliez l’Irlande des fées et du folklore. Oubliez les irish pubs à touristes… Arrêtez de croire aux leprechauns : l’Irlande elle aussi a ses rugosités, et il est parfois bon de déconstruire des visions trop lisses !
Vous l’aurez compris, la série irlandaise fait actuellement débat. Que l’on apprécie sa vision de l’Irlande ou non, elle permet quoiqu’il arrive de faire parler d’elle… C’est ce que l’on appelle un buzz réussi non ?